La Bible et ses lectures -25-26-27/10/2017, Orleáns (France)
Ce colloque international est consacré à l’étude des rumeurs et des renommées dans le « monde biblique », c’est-à-dire d’une part dans les textes bibliques et apparentés (Bible hébraïque, Bible grecque, Nouveau Testament, littératures intertestamentaire et apocryphe etc.), et relativement à leurs différents contextes sociohistoriques de production (Proche-Orient et Méditerranée), et d’autre part, dans le cadre des réceptions les plus immédiates de ces textes, principalement au sein des communautés juives et chrétiennes antiques.
FECHA/DATE/DATA: 25-26-27/10/2017
LUGAR/LOCATION/LUOGO: Angers (Angers, France)
ORGANIZADOR/ORGANIZER/ORGANIZZATORE: Marie-Laure Vallès
INSCRIPCIÓN/REGISTRATION/REGISTRAZIONE: online
PROGRAMA/PROGRAM/PROGRAMMA:
Ce colloque international est consacré à l’étude des rumeurs et des renommées dans le « monde biblique », c’est-à-dire d’une part dans les textes bibliques et apparentés (Bible hébraïque, Bible grecque, Nouveau Testament, littératures intertestamentaire et apocryphe etc.), et relativement à leurs différents contextes sociohistoriques de production (Proche-Orient et Méditerranée), et d’autre part, dans le cadre de leurs réceptions les plus immédiates, principalement au sein des communautés juives et chrétiennes antiques.
Il n’est pas ici question de la « rumeur » entendue en un sens uniquement péjoratif, comme synonyme de « racontar », « ragot », ou « commérage ». En dehors de toute considération morale ou éthique a priori (par ex. « est-il moral de créer ou de relayer une rumeur ? »), la « rumeur » est examinée en tant que « bruit public », à la fois comme phénomène psychosocial et comme phénomène de communication.
La définition de la rumeur fait l’objet de débats. Construite selon une perspective phénoménologique, la définition suivante peut cependant constituer un bon point de départ : aux yeux d’un destinataire, ou d’un observateur critique, un message à caractère événementiel apparaît comme « rumeur » tant que son contenu demeure invérifié et que son origine reste associée à une collectivité anonyme et indistincte. En ce sens, la rumeur doit être distinguée de la « nouvelle », de la « propagande », ou encore, du « témoignage ».
La rumeur a été considérée comme objet d’étude dès le début du siècle dernier dans le domaine de la psychologie sociale (Louis William Stern, 1902). Dans le contexte francophone, la « rumorologie », à la croisée des sciences historiques, sociologiques, psychologiques et des sciences de la communication, semble s’inscrire durablement dans le paysage universitaire francophone à partir des années 1970(1). Des investigations poussées sur le sujet ont été menées dans différents champs disciplinaires. Notamment, dans le cas de la littérature grecque ancienne, on peut citer l’ouvrage monographique de Francis Larran : Le bruit qui vole, Histoire de la rumeur et de la renommée dans la Grèce ancienne (Presses Universitaires du Mirail, 2010). En revanche, la rumeur a été assez peu étudiée dans le contexte de la Bible et dans le cadre de ses réceptions les plus immédiates (2).
Relativement à nos sociétés « hyper-médiatiques » (presse, radio, télévision, internet), les sociétés à l’origine des textes bibliques, et celles qui ont produit les premières interprétations de ces oeuvres littéraires, étaient des sociétés « pré-médiatiques », ou plus exactement, « proto-médiatiques ». S’il est vrai, comme l’affirme le sociologue Jean-Noël Kapferer, que les rumeurs constituent « le plus vieux média du monde » (3), alors dans ces contextes sociohistoriques (sociétés anciennes et antiques), les rumeurs revêtent une importance capitale.
Ce colloque propose d’associer la « rumeur » et la notion de « renommée ». Premièrement, les « renommées » peuvent être considérées comme un sous-ensemble parmi les rumeurs : la renommée désigne une rumeur ou un ensemble de rumeurs qui a trait à une personne ou à une chose (par ex. la « renommée de Salomon », la « renommée du Temple »). Cependant, il paraît difficile de séparer cette acception d’une définition plus usuelle, la renommée renvoyant à une opinion élogieuse ou favorable, partagée par les membres d’un groupe donné, à l’égard d’une personne ou d’une chose. En ce sens, en première analyse, il semblerait que la renommée soit un des contenus privilégiés des rumeurs repérables dans les sources anciennes et antiques. Deuxièmement, parce qu’elles émanent chacune à leur façon des « bruits publics », la rumeur et la renommée posent des problèmes de vérification comparables. Quand la rumeur peut s’avérer fausse ou mensongère, la renommée peut être surfaite ou usurpée.
Enfin, autre point commun, la diffusion « démocratique », dans le « peuple » et par le « peuple », de l’une comme de l’autre leur permet, dans une certaine mesure, de faire entendre une voix contradictoire qui échappe au contrôle des autorités officielles.
(1) Parmi les ouvrages de référence, signalons par exemple : ROUQUETTE, Michel-Louis, Les rumeurs, Paris, Presses Universitaires de France, 1975.
(2) On peut cependant mentionner l’article de Claire Clivaz : « La rumeur, une catégorie pour articuler autoportraits et réceptions de Paul. ‘Car ses lettres, dit-on, ont du poids… et sa parole est nulle’ (2 Co 10,10) », dans MARGUERAT, Daniel (dir.), How Pauline is Luke-Acts ?, Louvain, Peeters, 2009, p. 239-259. Au croisement des études bibliques et théologiques, mentionnons également les réflexions de Joseph Moingt dans son ouvrage L’homme qui venait de Dieu (Paris, Le Cerf, 1993), dont l’introduction est consacrée à « la rumeur de Jésus ».
(3) Voir Rumeurs : Le plus vieux média du monde, Paris, Seuil, 1992.
Mercredi 25 octobre 2017
13h30 : CAFÉ DE BIENVENUE
Présidence - Xavier Levieils
14h00 : Josselin Roux - Introduction
14h15 : Francis Larran - Bruits publics et monde divin dans la Grèce ancienne
14h45 : Daniel Bodi - La renommée dans la Bible et au Proche-Orient ancien : Gilgamesh et Shamshi Addu, Abraham et David
15h15 : Béatrice Oiry - Exode 15,1-17 et Deutéronome 32 comme espace de la construction paradigmatique de la renommée d’Yhwh et de son efficience
15h45 : Discussions
16h00 : PAUSE
16h20 : Benjamin Akotia - Le sens de la renommée de Moïse (Deutéronome 34,10-12)
16h50 : Josselin Roux - Rumeur, renommée et nom divin dans l’épisode de la rencontre de Salomon avec la reine de Saba (1 Rois 10)
17h20 - 17h35 : Discussions
20h30 : SOIRÉE GRAND PUBLIC
Rumeurs, renommées et pouvoir politique : hier et aujourd’hui
Interventions de Francis Larran et Jean-François Petit. Soirée animée par Fred Poché.
F. Larran : « Un cas de rumeur au VIe siècle avant J.-C. : Pisistrate accompagné par Athéna dans Athènes (Hérodote, I, 60-61) »
J.-F. Petit : « Rumeurs et construction d’une éthique du débat public »
Jeudi 26 octobre 2017
Présidence - Josselin Roux
9h00 : Philippe Loiseau - La renommée de Sion et des serviteurs de Yhwh en Isaïe 56–66
9h30 : Arnaud Sérandour et Christian Amphoux - De la mauvaise renommée de Jérémie au serviteur souffrant. Comparaison de la Bible grecque et du texte massorétique
10h00 : Sophie Ramond - Bonne renommée ne s’emporte pas dans la tombe. Lecture de Qohélet 7,1
10h30 : Discussions
10h45 : PAUSE
11h05 : Aurélia Hetzel - La renommée littéraire de Salomon, ou La faculté d’imaginer »
11h35 : Philippe Seys - Freiner des rumeurs en Matthieu 11–12
12h05 : Discussions
12h20 : Déjeuner
Présidence - Christophe Pichon
14h00 : Martha Acosta Valle - De la rumeur au témoignage : stratégie narrative et déplacement du lecteur en Luc–Actes
14h30 : Alain Paillard - Jude et Silas, « higoumènes » et « prophètes » : députés parce que réputés ?
15h00 : Claire Sotinel - La rumeur comme vecteur de diffusion de l’information dans le récit des Actes des Apôtres
15h30 : Étienne Nodet - La récupération de Paul dans les Actes des Apôtres
16h00 : Discussions
16h15 : Pause
16h35 - 17h15 : Communications des doctorants (en simultané)
Pierre-Emmanuel Moog - Samson, de la rumeur à la légende, quel sens donner aux exploits ?
Béatrice Papasoglou - L’art du murmure dans l’évangile de Jean ou Quand la rumeur met au jour.
Pierre-Emmanuel de Salis - Rumeur et communication de crise.
Quelques réflexions à partir du Discours du fou (2 Corinthiens 10–13)
Vendredi 27 octobre 2017
Présidence - Béatrice Oiry
9h00 : Jacques Descreux - « Tu as la renommée de vivre, mais tu es mort » (Ap 3,1). Vérité et mensonge du renom des Églises en Apocalypse 2–3
9h30 : Edith Parmentier - La rumeur est-elle une preuve d’historicité ? Les échos, dans Flavius Josèphe, des rumeurs sur Jean le Baptiste, sur Jacques, sur Jésus et sur le massacre des Innocents.
10h00 : Thierry Legrand - Du blanc d’oeuf pour accuser Joseph. Un épisode des « experts » dans le Targum Pseudo-Jonathan sur Genèse 39
10h30 : Discussions
10h45 : pause
11h05 : Marie-Laure Chaieb - Rumeur au IIe siècle : lorsque les victimes deviennent coupables
11h35 : Marcel Metzger - La pseudépigraphie apostolique dans les règlements ecclésiastiques (écrits du christianisme ancien)
12h05 : Discussions
12h20 : déjeuner
Présidence - Marie-Laure Chaieb
14h00 : Augustin Pic - Rumeurs et renommées dans la conversion d’Augustin. Petite lecture des Confessions
14h30 : Bernard Grasset - Rumeur ou témoignage ? – Regards pascaliens
15h00 : Discussions
15h15 - 15h30 : Christophe Pichon - Conclusion, synthèse et perspectives