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CALL. 06.01.2020: Journée d’étude "Déviances antiques : la cité à l’épreuve de la transgression

FECHA LÍMITE/DEADLINE/SCADENZA: 06/01/2020

FECHA CONGRESO/CONGRESS DATE/DATA CONGRESSO: 06/04/2020

ORGANIZADOR/ORGANIZER/ORGANIZZATORE: Claire Pérez – TAntALE, Univ. Jean Moulin Lyon 3, HiSoMA (UMR 5189); Pierre Balmond – TAntALE, Univ. Paris-Est Créteil, LIS (EA 4395); Laboratoire junior TAntALE

INFO: web - Facebook - tantalens@gmail.com

Après s’être attaché à circonscrire le concept de « transgression » dans l’Antiquité grecque et romaine et à étudier l’émergence des figures transgressives, érigées en modèles ou en contre-modèles, le laboratoire junior TAntALE se propose de poursuivre sa réflexion autour de cette notion en élargissant le cadre et l’objet du concept de transgression.


Si l’on se limite à comprendre la transgression comme acte purement individuel, on risque d’omettre tout un pan de l’activité transgressive : les pratiques et comportements s'écartant de la norme au sein même de la cité, exprimés à la marge de la communauté, et qui peuvent difficilement être lus et compris à travers le prisme de la figure exceptionnelle. Les sciences sociales ont développé le concept de « déviance » pour traduire cette réalité : la sociologie étudie ainsi les pratiques et identités perçues comme anormales, les mécanismes de conformisation ou de non-conformisation aux normes, ainsi que la réaction sociale que les comportements déviants entraînent (punition, stigmatisation, etc.). L'acte transgressif de Prométhée n'est pas à mettre sur le même plan que les comportements des initiés aux Mystères d'Éleusis, et, plus généralement, des conduites minoritaires et exclues du cadre social, qui représentent une altérité au sein de la communauté. Dans le premier cas, les figures individuelles sont mises en lumière, que ce soit positivement ou négativement, voire sacralisées par la fascination qu’elles provoquent ; dans le second, les comportements déviants font l'objet d'une marginalisation : du froncement de sourcil à la punition judiciaire, les sociétés possèdent un large éventail de modes de sanction vis-à-vis de ces comportements. Le discrédit, la marginalisation, l’exclusion, la stigmatisation et la criminalisation sont les mécanismes alors mis à la disposition de la société qui, pour préserver ses normes, se voit contrainte de réduire ces pratiques à la clandestinité ; paradoxalement, elles sont parfois poussées à apprendre à cohabiter avec eux. Comprendre les ressorts de la déviance dans l'Antiquité grecque et romaine, sa réalité et sa perception, sera l’enjeu de cette troisième journée d'étude.


Le transgressif dans la cité : typologie et contextes d’apparition


Qui sont les outsiders antiques? De quelles normes sociales les comportements anormaux que l’on peut tracer dans l’Antiquité relèvent-ils ? Les domaines de la religion, – rites à mystère, superstitions, pratiques déviantes au temps du premier christianisme –, de la sexualité, du genre et des rapports sociaux sont autant de thématiques qui pourront être abordées. Ces pratiques ont-elles une assise collective ? Apparaissent-elles dans un contexte particulier, dans une catégorie sociale spécifique par exemple, ou dans une période singulière ? Comment certaines pratiques en viennent-elles à être considérées comme transgressives ? On pourra ici considérer la dynamique propre aux comportements déviants et interroger notamment le rôle de la reconnaissance sociale dans l'émergence de ces derniers.


Gérer la déviance : institutionnalisation, contrôle social et marginalisation


Lorsqu'il n'est plus possible de faire taire définitivement les transgresseurs, par la condamnation à mort ou l'exil, quels sont les mécanismes juridiques et moraux mis en œuvre par la communauté pour contrôler ces habitudes et les rejeter aux marges de l'espace politique ? Confrontée à ces comportements, la cité met en application des stratégies de normalisation qui se développent à toutes les échelles et par le biais d'instances diverses : l'étude du corpus juridique, des évolutions de la législation, des phénomènes de stigmatisation et de discrédit, (qui sont, s’il y en a, les « entrepreneurs de morale » dans l’Antiquité ?) sont autant de procédés visant à provoquer le rejet, par la communauté, de ces attitudes déviantes. On pourra étudier comment se met en place une cohabitation de certaines pratiques transgressives avec l’autorité au sein de la société, cette dernière les tolérant sans pouvoir les réduire au silence : il lui reste alors à les délégitimer en les rendant inaudibles, invisibles et, surtout, moralement inacceptables. La cité peut alors délimiter des espaces de la transgression, dans lesquels elle laisse les pratiques déviantes s'exprimer dans un cadre contrôlé et marginalisé : les rites de passages étudiés par Jean-Pierre Vernant et le déploiement carnavalesque des Saturnales à Rome peuvent en être des exemples significatifs.


Discipliner les voix discordantes dans le discours


Si l'espace de la cité est le théâtre de ces transgressions et de la gestion de ces écarts par l’autorité, le discours littéraire peut être un espace réflexif où viennent se cristalliser ces dynamiques, par son pouvoir de représentation et sa dimension normative. Elles peuvent ainsi s’y rejouer : au sein même de l'œuvre, quelle que soit sa forme, peuvent se donner à entendre et à lire les voix discordantes et les comportements transgressifs, également encadrés et marginalisés par une autorité qui fixe les limites de la représentation de la déviance au sein du texte. Les productions textuelles oratoire, historiographique, théorique et normative (les traités portant sur tous les domaines, comme la rhétorique, la grammaire, les œuvres des antiquaires) pourront être analysées dans cette perspective.


Seront notamment valorisées les communications qui aborderont ces thématiques à travers la variété des disciplines (histoire, droit, anthropologie, littérature, rhétorique, épigraphie...) propres aux Sciences de l'Antiquité. Nous porterons également un intérêt particulier aux approches diachroniques, mettant en lumière les phénomènes de continuations et les ruptures historiques dans le traitement de la déviance, et/ou comparatistes, visant à faire émerger les schémas invariants ou, au contraire, les variations culturelles qui caractérisent ces comportements et leur gestion par l’autorité selon les sociétés.


Chaque exposé durera 30 minutes et sera suivi d’un temps de discussion. Les propositions de communications, sous forme d’un résumé de 300 mots (en français ou en anglais) accompagné d’une présentation des sources mobilisées et d’une bibliographie indicative, sont à adresser au laboratoire TAntALE : tantalens@gmail.com, le 6 janvier 2020 au plus tard. L’annonce des propositions retenues aura lieu le lundi 20 janvier 2020.




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